Découvrir Histoire et patrimoine
Histoire et patrimoine
Explorez l’histoire riche et le patrimoine remarquable de Monsempron-Libos, témoin d’un passé ancré entre Moyen Âge et modernité.
Monsempron
Une interprétation du toponyme Monsempron - « Mons Sempronii » : colline ou mont de Sempronius - pourrait attribuer la fondation du village perché de Monsempron à un membre de la famille romaine des Sempronia. Mais, si certaines découvertes récentes dans la vallée de la Lémance confirment une occupation Gallo-Romaine sur le territoire de la commune, aucune découverte n’est venue à ce jour prouver une telle occupation sur le site même du village.
La « colline de Sempronius » reste donc une légende plus qu’une certitude. Pourtant, la topographie des lieux plaide pour une occupation antérieure, car l’éperon dominant les vallées de la Lémance et du Lot présentait des avantages stratégiques probablement exploités par la population indigène avant la conquête romaine.
En effet, la découverte au cours du siècle d’un habitat préhistorique démontre que la situation géographique de Monsempron présentait déjà un intérêt notoire pour nos lointains ancêtres.
Depuis les premières fouilles en 1863, de nombreuses campagnes archéologiques ont permis de mettre à jour un matériel d’une richesse inouïe qui place le site de Las Pélénos au premier rang des gisements préhistoriques du département.
La découverte dans le village, au cours des années 1980, d’une tombe pouvant dater du Ve ou VIe siècle, paraît attester d’une occupation de l’éperon durant le Haut Moyen-Âge. Malgré cela, il faut recueillir avec prudence le témoignage des chroniqueurs des XVIIe et XVIIIe siècles qui rapportent le pillage du village par les normands en 853, après le sac de la ville d’Eysses. Ce n’est qu’à partir du XIe siècle, avec l’arrivée d’une communauté bénédictine, que l’histoire du village se précise.
Ces moines, envoyés par l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac, fondent à Monsempron le plus grand et peut-être le plus ancien prieuré dépendant de cette abbaye pour l’Agenais et le sud du Périgord.
La richesse et la diversité des sculptures romanes, alliées à la taille imposante de l’église, s’expliquent certainement par la présence de reliques dans la crypte qui durent conférer à l’église Saint-Géraud un rôle majeur à cette époque de grands pèlerinages.
Au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, les moines entreprennent de bâtir — ou probablement de reconstruire — les bâtiments conventuels.
Parallèlement, un rempart est élevé autour du village primitif, constitué par le prieuré, son église et ses dépendances du côté Nord, et des tours qui au Sud abritent des chevaliers chargés de défendre le village, certainement sous le commandement des seigneurs de Fumel.
L’essor du bourg entraîne, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, le développement des fortifications vers l’Ouest pour enserrer les nouvelles habitations distribuées de part et d’autre d’une rue centrale, constituant ainsi un « castelnau ». Les prieurs (chefs de la communauté monastique) sont également seigneurs de la cité, mais le Roi d’Angleterre installe une bayle à Penne d’Agenais dès la fin du XIIe siècle dont il étend la juridiction jusqu’à Monsempron.
Durant la guerre de cent ans, le commandement militaire de la place est assuré par un capitaine nommé le roi.
Les archives mentionnent la capitaine Guillaume de La Barthe « le jeune » qui, à la tête de vingt sergents à pied et neuf chevaliers, est chargé de tenir militairement le bourg pour le compte du roi de France en 1352.
Mais il en est chassé par les habitants l’année suivante qui rendent le bourg au Duc d’Aquitaine, Roi d’Angleterre ! La guerre de Cent Ans porte un coup fatal à la vie conventuelle du prieuré, de même probablement qu’au pèlerinage.
À la fin du XVᵉ siècle seul le prieur réside encore dans le monastère, avec ses domestiques. En 1561, alors que commencent les guerres de religion (à Fumel par l’assassinat du seigneur du lieu, François Ier de Fumel) le prieuré est sécularisé en même temps que l’abbaye mère de Saint Géraud d’Aurillac.
Par la suite, les prieurs nommés par le roi se comportent plus en seigneurs laïcs qu’en ecclésiastiques. Au XVIIIe siècle, beaucoup ne résideront même pas dans leur château prieural.
Après la guerre de religion, la cité s’assoupit pendant que, dans la vallée, Libos connaît l’essor de ses activités économiques.
Libos
Le nom de Libos est une déformation de l’hydro-toponyme "Arribos", que l’on pourrait traduire par "sur les rives". Ce toponyme est particulièrement bien choisi car le village s’est développé sur les rives du Lot et de la Lémance.
La découverte de plusieurs sépultures rapportables au Mésolithique et au Néolithique démontre la relative précocité de l’occupation humaine dans la vallée.
Les indices concernant Antiquité et Haut Moyen Âge sont encore à découvrir, mais il est probable que l’emplacement de l’actuelle cité ne resta pas inoccupée, étant donné son intérêt géographique : au confluent Lot/Lémance et près d’un gué.
En 1305, le roi d’Angleterre Edouard Ier entreprend de fonder une bastide à "Arribos" pour consolider des possessions territoriales en Guyenne face à la convoitise du roi de France ; projet qui avorta avec l’aggravation du conflit franco-anglais.
L’agglomération poursuit néanmoins sa croissance grâce à une intense activité portuaire facilité par une position géographique avantageuse, au carrefour du Périgord, du Quercy et de l’Agenais ; grâce aussi au développement de petites industries alimentées par l’énergie hydraulique (forge, foulons...).
Au cours des siècles suivants, un artisanat et un commerce dynamique s’y implantent, façonnant peu à peu le visage actuel du bourg.
Au début du XVIIIe siècle, Libos a malheureusement perdu sa vocation portuaire, avec la fin de la navigation sur le Lot.
De 1896 aux années 1970, Libos fut aussi un nœud ferroviaire, à la jonction des lignes Agen-Périgueux et Agen-Cahors. Cette dernière ligne fut fermée, mais la ligne Agen-Périgueux fonctionne toujours, permettant à Libos de conserver sa gare.
Le château Prieural
L’église élevée au XIe siècle est reconstruite dès le début du siècle suivant pour subir de profonds remaniements : on perce le chevet pour ajouter des chapelles extérieures rayonnantes et on élève un clocher à la croisée du transept, supporté par quatre puissants piliers à chapiteaux ornés. Si, au travers de sa crypte, l’église de Monsempron a conservé un témoignage de sa première construction par les moines d’Aurillac rien ne subsiste dans les murs actuels du prieuré d’une très probable première construction d’un monastère lors de l’installation de ces moines. Les parties les plus anciennes, les caves et le rez-de-chaussée, sont postérieures à la reconstruction de l’église et ne semblent pas être antérieurs au milieu du XIIe siècle. À cette époque, le monastère développe ses salles autour d’un petit cloître adossé au mur septentrional de la nef de l’église.
Son aile nord est bâtie sur des caves semi-enterrées et en partie voûtées. Vers l’ouest s’étendaient les dépendances (silos, ateliers, écuries...). Autour de 1300, le prieuré atteint l’apogée de sa richesse. Le prieur ajoute au bâtiment deux étages aux extrémités est et ouest et un étage sur l’aile nord. Ainsi vient se superposer au monastère primitif un « palais prieural » doté d’une grande salle seigneuriale d’environ 110 m². L’abandon, au moins partiel, du bâtiment lors de la guerre de cent ans — et peut-être quelques assauts violents — rendent nécessaires des réparations. Les archives mentionnent encore un épisode violent en 1467, après la guerre de Cent Ans. Vers la fin du XVe siècle, le prieur en profite alors pour remettre au goût du jour les baies de l’étage (résidence du prieur).
Les grandes fenêtres à meneaux gothiques encore visibles actuellement prennent la place des fenêtres géminées vieilles de deux siècles. Environ un siècle plus tard, après la sécularisation du prieuré et à la fin des guerres de religions, le rez-de-chaussée du bâtiment (le monastère primitif jusque-là inchangé) est à son tour remanié, transformant l’ensemble du monastère en demeure seigneuriale : le « château prieural » des archives modernes.
L’ancien réfectoire est cloisonné. De grandes fenêtres à doubles meneaux remplacent les étroites baies romanes de la façade nord et permettent de fermer la galerie du cloître en prenant la place d’anciennes arcades en plein centre. Au cours de la Révolution, une partie du bâtiment est mise en vente et achetée par un maçon qui la transforme en carrière. La presque totalité des dépendances et l’aile ouest sont détruites peu à peu. Tout au long du XIXe siècle l’aile Est reste le presbytère, propriété de la commune. L’aile Nord, conservée, et les anciennes dépendances, reconstruites, changent plusieurs fois de propriétaires et finissent par être transformées en école confessionnelle pour jeunes filles. Après la séparation de l’Église et de l’État en 1905 l’école confessionnelle ferme ses portes et, rachetée par le prêtre de la paroisse, devient le presbytère. L’aile est - toujours propriété de la commune - est transformée en appartements. Depuis 1989, la commune, ayant racheté le presbytère, est propriétaire de l’ensemble du château prieural (à l’exception des dépendances).
Dès cette date, des travaux de restauration ont été entrepris. Quatre salles accueillent désormais de nombreuses expositions d'art contemporain.